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Comment vivrons-nous dans 100 ans ?

Le 5 mai 2023 la France a atteint le jour du dépassement. Ce jour marque un point de non retour à compter duquel nous avons consommer l’ensemble des ressources naturelles que la Terre peut régénérer en une année. Si toute la population mondiale consommait comme les Français, il faudrait 2,9 planètes Terre pour subvenir à nos besoins !

Dans un précédent article, abordant le dérèglement des saisons, nous nous sommes demandés comment évolueraient les conditions de vie humaine suite au réchauffement climatique d’ici à 2100.

Comment vivrons nous dans 50 ou 100 ans si nous nous efforçons d’atteindre les objectifs fixés par la COP 21* à Paris ? Si nous n’y arrivons pas, quelles en seraient les conséquences (non exhaustives) ?

Accrochez vos ceintures, et suivez-nous dans ce voyage temporel au 22ème siècle**…

*Maintenir l’augmentation de la température sur Terre en deçà de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels d’ici à 2100.

**Cet article est une synthèse de plusieurs travaux, études et hypothèses développées par la communauté scientifique internationale. Rien n’est figé dans la pierre, et de nombreux facteurs (positifs comme négatifs) n’ont pas pu être anticipés, il ne s’agit donc pas d’une vérité absolue !

L’évolution des problématiques climatiques actuelles

C’est en 1896 que le lien entre le réchauffement climatique et l’activité industrielle est établi pour la première fois, par Svante August. Le savant suédois détermine que les énergies fossiles y joueront un rôle important, débouchant potentiellement sur une augmentation de la température terrestre moyenne.

Plus d’un siècle plus tard, nous pouvons déjà observer les conséquences de l’utilisation des énergies fossiles, ou plus généralement de la surconsommation, sur le climat : incendies plus fréquents, canicules plus longues, ou fonte des glaciers, entre autres.

Les incendies

Parmi les conséquences directes du réchauffement climatique observables dès aujourd’hui, les incendies monopolisent l’actualité.

66.393 hectares de forêts ont brûlé en France en 2022, environ 20 fois plus qu’il y a 10 ans, en 2012. Plus récemment, en 2023, 2.5% de la superficie des forêts canadiennes est partie en fumée, avec des feux encore en activité, et de nombreux vacanciers en Grèce ont dû être rapatriés suite aux méga-incendies qui ravagent le pays.

D’ici 2100, les experts estiment une augmentation mondiale des incendies extrêmes de 50%. De façon générale, les risques d’incendies auront augmenté plus ou moins fortement sur la planète, différant selon les zones (de plus 1% à plus de 31%). Si vous habitez à Stockholm, vous pourrez continuer à vous balader en forêt sans risque, mais on ne vous recommande pas d’aller bivouaquer en Nouvelle-Aquitaine d’ici 80 ans…

Et cela, même si l’augmentation de la température sur Terre se limite aux 2°C annoncés par la COP 21. Si ce n’est pas le cas, attendez vous à des incendies plus grands et puissants, mais surtout incontrôlables et réguliers.

Les canicules

Directement liées aux incendies, et très actuelles également, les canicules sont de plus en plus longues et fréquentes. Passer un été sans climatisation ou ventilateur demande une détermination à toute épreuve en 2023, alors qu’en sera-t-il en 2100 ?

En 2050, les vagues de chaleurs seront 2 fois plus nombreuses, et pourront atteindre des pics à 50°C par endroits en France. Cette même chaleur appauvrira les sols en eau plus rapidement, causant des sécheresses plus régulières, tous les 2-3 ans, soit 3 fois plus souvent qu’actuellement. Canicule et sécheresse formeront un cercle vicieux : les sols s’assecheront suite aux canicules, et ne pourront plus tempérer les chaleurs par leur humidité, engendrant des pics de chaleurs toujours plus élevés.

Que des mesures concrètes soient actées maintenant ou non, il fera plus chaud, plus longtemps. Il n’en est pas moins important d’agir ! Les conséquences entre des canicules atteignant 50°C et 60°C sont radicalement différentes, aussi bien pour nous que l’environnement.

La montée des eaux

Globalement, la conclusion de l’évolution potentielle des incendies et canicules est simple : plus la température de la planète bleue sera élevée, plus ils seront longs et nombreux.

Pour l’augmentation du niveau des mers et océans, c’est une autre histoire !

Il y a une nette différence entre nos deux scénarios de départ, à savoir une augmentation inférieure ou supérieure à 2°C d’ici la fin du siècle.

Si nous arrivons à la limiter en deçà de 2°C, le niveau de l’eau montera de 20 à 60 cm dans les meilleurs scénarios. Il faudra s’attendre à des inondations plus fortes et fréquentes, ainsi que des marées hautes… plus hautes ! Les digues actuelles seront totalement dépassées lors des épisodes de fortes tempêtes.

Les conséquences d’une augmentation des températures au-delà de 2°C sont plus préoccupantes. Le niveau des mers et océans s’élévera d’1 à 2 mètres, redessinant partiellement la carte de la France, et plongeant de nombreuses îles, villes, voire même pays sous l’eau si des mesures ne sont pas prises. Il ne fera pas bon de vivre dans l’une des nombreuses stations balnéaires de nos côtes, d’autant plus que les risques évoqués dans le cas d’une augmentation de 30 à 60 cm s’en trouveront amplifiés dans ce second scénario.

Le Permafrost

Moins d’actualité, la fonte du permafrost a été l’une des premières conséquences du réchauffement climatique inquiétant les scientifiques.

Pour rappel : le permafrost, ou pergélisol en français, désigne les sols dont la température reste en deçà de 0°C pendant minimum deux années consécutives. Il couvre 14 millions de kilomètres carrés, soit 20% de la surface terrestre.

S’il fond, ce qui risque fortement d’être le cas d’ici 2100, il libérera 1.700 milliards de tonnes de carbone dans l’atmosphère, ainsi que de nombreux autres gaz à effet de serre. Plus il fera chaud, plus il libérera de gaz dans l’atmosphère, plus il fera chaud… encore un cercle vicieux !

Le plus effrayant dans ce scénario relève surtout des inconnus qui résulteraient de sa fonte. Même les projections les plus pessimistes du GIEC n’incluent pas les conséquences qu’auront les gaz à effet de serre relâchés par le permafrost sur l’Homme et la planète.

Et comme si ce n’était pas assez, le risque d’apparition (ou réapparition) de virus dangereux pour l’Homme n’est pas négligeable. Des épidémies plus proliférantes et destructrices que ce que nous avons vécu avec la COVID 19 pourraient avoir lieu, auquel cas de simples masques en tissu ne feront plus l’affaire…

Et si 2100 ressemblait à l’une des nombreuses dystopies rédigées par vos auteurs préférés ? Chez Trattino, on préférerait l’éviter.

Comment l’Homme s’adaptera-t-il à ses nouvelles conditions de vie ?

Vous avez désormais un petit aperçu des risques (non exhaustifs) liés au réchauffement climatique. Incendies extrêmes, températures étouffantes, terres noyées et apparition potentielle de nouveaux virus vont bousculer nos habitats et habitudes de vie.

Nous allons nous attarder plus en détails sur la façon dont l’Homme pourrait s’adapter à ce nouvel environnement plus extrême, pour ne pas dire hostile. D’autres facteurs, que nous n’avons pas développés plus haut dans l’article, sont également pris en compte : pluie torrentielle, migrations climatiques, manque d’eau, perte de biodiversité, disparition de nombreuses espèces…

Où vivra la population et comment vont évoluer nos habitats

Avant même de se préoccuper des catastrophes naturelles, qui se feront de plus en plus fréquentes, l’Homme devra s’adapter aux nouveaux climats et aux changements qu’ils induisent.

De nombreux territoires ne seront plus “habitables”, comme l’Australie du Nord ou une partie du sud des États-Unis. Évidemment, nous ne pouvons pas imaginer toutes les avancées technologiques à venir, peut-être que certaines permettront de rendre ces terres viables à nouveau.

Actuellement, des idées théoriquement applicables sont évoquées par les climatologues : ne travailler et vivre que la nuit, se promener en scaphandre ventilé d’une pièce climatisée à l’autre… ou creuser des galeries où se réfugier en journée ?

Vous vous en doutez, peut-être qu’une poignée de villes souterraines verront le jour, mais la majorité des zones dorénavant invivables seront simplement fuient. Nous assisterons à la plus grande crise migratoire de l’humanité, direction le nord, là où les anciens climats méditerranéens auront céder leur place aux climats tropicaux.

Au final, en 2100, notamment si vous vivez sous le niveau de l’Équateur, deux solutions s’offrent à vous :

  • S’adapter au climat des zones qui ne seront plus viables pour l’Homme via le développement d’habitats adaptés. Plusieurs idées, qui semblent nécessiter de colossales sommes d’argents, existeront peut-être alors : maison bulle sous-marine, galerie dans une montagne, tours végétalisées…
  • Migrer vers d’autres terres, nouvellement fertiles suite aux changements de climat, pour s’y installer durablement. Pour ce qui est de nos recommandations d’investissement spéciale “réchauffement climatique extrême”, on vous renvoie vers les 5 endroits où il fera bon vivre en 2100 selon Ouest France. Déménager en Sibérie d’ici 2050, ça donne envie, non ?

Comment nous déplacerons-nous ?

Si les technologies continuent d’évoluer rapidement, la majorité des moyens de transports que nous utilisons aujourd’hui seront révolus. A minima, nous utiliserions toujours la voiture comme moyen de transport principal, l’épuisement des énergies fossiles nous aura poussé à développer de nouvelles façons de l’alimenter.

Sans prendre en compte le réchauffement climatique, les pays riches auront développé de nouveaux moyens de transport, plus ou moins polluants. Ceux qui reviennent le plus couramment sont les voitures autonomes, ou les taxis drone, qui seraient tous deux exclusivement électriques. D’autres projets, qui semblent plus ambitieux, verront peut-être le jour : avions électriques, hyperloop, tramway aériens…

On distingue trois catégories de moyens de transports qui seront probablement présents au 22ème siècle :

  • Les moyens de transports “classiques” neutres en carbone : vélos simples ou électriques, trottinettes simples ou électriques, skate, etc.
  • Les moyens de transports anciennement polluants ayant évolué : voitures, bus, trains, avions… Suite à l’épuisement des ressources, ces moyens de locomotion devraient changer, aussi bien dans la forme que dans l’utilisation que l’on en fait.
  • Les nouveaux moyens de transport : cette catégorie est plus floue, et dépend des évolutions technologiques à venir. On pense par exemple au tramway aérien, ou aux fusées auto-atterissantes imaginées par SpaceX.

L’évolution des moyens de transports du futur ne sera pas directement impactée par le réchauffement climatique, qu’il soit supérieur ou inférieur de 2°C. Espérons tout de même que ces nouvelles façons de se déplacer soient réfléchies de façon à polluer le moins possible, auquel cas nous pourrions éviter de voir décoller des fusées Paris-New York (si Manhattan n’est pas déjà sous l’eau).

Les habitats et moyens de transports ne sont pas les seules choses qui changeront. Bien sûr, si vous faites le choix d’emménager en Sibérie afin de retrouver le climat français d’antan en 2100, vous devriez pouvoir conserver des habitudes de vie similaires.

Si vous restez en France, préparez-vous à développer de nouveaux centres d’intérêt : le ski disparaîtra, l’immigration creusera un gouffre toujours plus grand entre les plus pauvres et les plus riches, et nous produirons du Bordeaux… en Bretagne !

L’alimentation : vers de nouveaux modèles ?

Pour toutes les raisons évoquées précédemment, la façon dont nous consommerons et produirons aura évolué. L’élevage et l’agriculture vont être confrontés à des problématiques de tailles : nouveau climat et intempéries ne feront pas bon ménage avec les variétés de fruits et légumes qui poussent actuellement sur le territoire français.

Un nouveau régime alimentaire

Le premier changement que nous observerons, et qui commence déjà à prendre place aujourd’hui, est l’évolution de notre régime alimentaire.

Trois problématiques principales vont se poser au secteur de l’alimentation :

  • la pollution et les besoins en matières premières (céréales et eau) des élevages,
  • les conditions climatiques qui ne seront plus propices à la pousse de nombreux fruits et légumes,
  • l’appauvrissement des sols suite à l’agriculture intensive.

À l’avenir, limiter la production et la consommation de viande n’aura plus rien à voir avec des convictions politiques ou personnelles, cela deviendra une nécessité quand on sait que la production d’un kilo de bœuf demande 8.000 à 15.000 litres d’eau. 

De plus, énormément de céréales sont produites uniquement dans un objectif de nourriture animale, mêmes céréales qui pourraient directement nous être destinées. Au total, 70% des terres à usage agricole sont dédiées, directement ou indirectement, à l’élevage.

En bref, limiter l’élevage, c’est avoir de nouvelles parcelles cultivables, économiser de l’eau qui viendra à manquer, nourrir plus de personnes…

Et il existe des alternatives à la viande ! Ne serait-ce que les insectes pour les protéines. Le futur de nos assiettes se trouve en grande partie dans ces petites bêtes à forte valeur nutritionnelle.

Les nouvelles conditions météorologiques feront, comme pour le Bordeaux, déplacer les cultures actuelles vers le nord. Ce n’est pas une catastrophe puisque le climat sera propice à la culture de nouveaux fruits et légumes, originaires du sud.

Dans l’hypothèse où l’élevage se raréfierait au profit de nouvelles cultures d’ici à 2100, votre assiette du 22ème siècle sera composée d’insectes et de fruits et légumes plus ou moins “immigrés” sur le territoire, suite aux nouvelles conditions climatiques. Pas d’inquiétude, il sera toujours possible de consommer de la viande, mais en plus petite quantité, et de façon raisonnée.

De nouvelles méthodes de productions

Deux problématiques ont été traitées : celles liées à l’élevage, et l’adaptation de l’agriculture à un nouveau climat. Mais qu’en est-il des sols ?

Si nous continuons d’abuser des sols comme c’est le cas aujourd’hui, à grands coups de pesticides et d’agriculture intensive, le nombre de terres cultivables diminuera drastiquement d’ici à 2100.

La solution est déjà toute trouvée : massifier l’agroécologie !

Il s’agit d’un modèle de production qui s’appuie sur l’écosystème et la Nature. Cela passe par beaucoup de changements qui seront nécessaires, tels que la baisse des intrants chimiques, la rotation des cultures plus diversifiées, la mise en place de cultures moins consommatrices en eau, etc. En plus d’être plus sain, ce système de production est plus rentable pour les agriculteurs que le système conventionnel : les pertes en quantité sont compensées par les économies réalisées sur les intrants chimiques.

Respectueuses de la nature, les cultures usant de ce modèle de production résistent mieux aux intempéries telles que les sécheresses, les crues, les tempêtes, etc.

Vous l’aurez compris : en France, si nous faisons les bons choix au bon moment, nous continuerons à cultiver des sols fertiles en 2100.

Mais pour se projeter encore plus loin, comment évoluera l’agriculture dans les pays où il fera si chaud qu’il deviendra compliqué de travailler dans les champs ?

Pour certains pays, la présence humaine sera réduite au minimum, laissant place à de petits drones lorsque cela est possible. Pour d’autres, les scientifiques ont imaginé une agriculture totalement robotisée à cause des chaleurs, réduisant encore plus la présence humaine en raison de la nécessité d’un équipement de protection individuel.

L’humain de 2100, vous en pensez quoi ?

C’est ici que se clôt notre court voyage temporel au 22ème siècle.

Dans le meilleur des cas, en respectant les objectifs de la COP 21, vous aurez déménagé au nord de la France pour profiter des températures de Marseille en 2023 à Lille en 2100. Vous dégusterez votre bordeau, désormais produit en Bretagne, accompagné de vos asticots goût barbecue. Vous suivrez attentivement les actualités pour vous assurer que les nombreux incendies du sud sont contrôlés, en priant pour que la canicule dure moins de 20 jours cet été.

Le pire des cas, on préfère ne pas en parler, car on espère de tout coeur qu’il ne se produise pas.

De notre côté, et ce, quoi qu’il arrive, on continuera à vous proposer de bons plats 100% bio et respectueux de la planète, et ce tant que nos patates pousseront toujours dans les environs lyonnais ! 😉

Mathis Bevalot

Chargé de communication digitale en alternance

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